Crise agricole de 2024 : la grève des agriculteurs français et espagnols
En colère, les agriculteurs français expriment leur mécontentement à travers des manifestions et des blocages routiers dans tout le pays depuis janvier 2024. Rejoints par leurs voisins espagnols en février, la grève des agriculteurs français et espagnols continue de faire rage jusqu’en fin février. Motivés par des revendications communes, les agriculteurs veulent faire entendre leurs voix !
En tant qu’étudiant en Espagne ou en France, vous êtes touchés par le sentiment d’injustice des agriculteurs et vous aimerez mieux comprendre les causes de la grève et leurs revendications ? Laissez-nous vous parler plus en détail de la grève des agriculteurs de 2024 !
L’origine de la grève des agriculteurs français et espagnols
En France, c’est l’augmentation de la taxe sur le gazole non routier qui a déclenché les mouvements de grève et les manifestations des agriculteurs. C’était la goutte de trop pour nos agriculteurs qui souffraient déjà de la sécheresse automnale et de revenus trop bas. Pour exprimer leur colère, les agriculteurs français ont décidé de commencer à bloquer des autoroutes en janvier 2024.
Les agriculteurs espagnols ont rejoint les Français dans la grève et les manifestations en février. Eux aussi affaiblis par la sécheresse et souffrant d’une grande frustration, notamment liée à la bureaucratie étouffante des réglementations européennes.
L’ensemble des agriculteurs européens se plaignent du marché déréglementé qui est à l’origine de l’import de produits agricoles à très bas prix de pays hors Union européenne. Cette baisse des prix généralisée empêche les agriculteurs de se verser des salaires corrects. La concurrence est ainsi jugée déloyale, car ces pays ne respectent pas les règles européennes que sont obligées de respecter nos concitoyens et les Espagnols.
Quelles sont les revendications des agriculteurs espagnols et français ?
Globalement, les agriculteurs français et espagnols ont les mêmes revendications qui s’axent autour de trois piliers principaux :
Une meilleure rémunération
Aujourd’hui, les agriculteurs français et espagnols ont beaucoup de mal à boucler leurs fins de mois. Entre les importations des pays hors-UE à très bas prix qui tirent leurs prix vers le bas et l’explosion de leurs charges, il est devenu très difficile pour les agriculteurs de se verser des salaires corrects. En France, c’est plus d’un agriculteur sur cinq qui vit sous le seuil de pauvreté1 !
Les agriculteurs français demandent l’application des lois EGalim censées améliorer la rémunération des agriculteurs. Elles sont actuellement difficilement appliquées. Du côté de l’Espagne, c’est une meilleure application de la loi sur la chaîne alimentaire qui est demandée.
Les deux pays demandent l’arrêt des négociations des accords de libre-échange avec les pays hors-UE et notamment avec le Mercosur. D’après les agriculteurs, ces pays ne respectent pas les règles européennes concernant le respect de l’environnement ce qui entraîne une concurrence déloyale.
En France, les agriculteurs veulent aussi un maintien de la détaxation du gazole non routier.
Une simplification des normes et de la bureaucratie
En France comme en Espagne, les agriculteurs jugent les normes européennes trop strictes et la bureaucratie trop étouffante. Ils demandent donc une simplification de la bureaucratie et un assouplissement de la PAC et des normes environnementales dans le cadre du Pacte vert.
Une meilleure considération et un soutien plus fort
Lassés d’être critiqués par la population, et d’être considérés comme des pollueurs, les agriculteurs demandent un meilleur respect de la part du peuple. Ils demandent également un meilleur soutien des gouvernements face à la sécheresse, qui touche la France comme l’Espagne. Pour bien se rendre compte du problème, en mai dernier, c’est 80 % de la surface agricole de l’Espagne qui était en état de sècheresse intense2 !
Grève des agriculteurs: Les revendications des agriculteurs ont-elles été entendues ?
Désormais quelques mois après les mouvements de grève et les manifestations des agriculteurs, quelle est la réponse des gouvernements face à leurs revendications ?
La réponse du gouvernement français
Du côté français, parmi les principales mesures proposées3 par le gouvernement, on retrouve :
- Le renforcement des lois EGalim.
- 150 millions d’euros d’aides.
- Le refus de signer le traité de libre-échange avec le Mercosur.
- La simplification des normes, avec notamment l’arrêt du plan Ecophyto qui vise à réduire l’utilisation des pesticides de 50 % d’ici 2025.
- L’abandon de la hausse des taxes sur le gazole non routier.
Nos agriculteurs français ont donc bien été entendus, reste maintenant à voir si le gouvernement tiendra parole !
La réponse du gouvernement espagnol
Au niveau de l’Espagne, un plan de 43 mesures4 a été présenté pour répondre aux revendications des agriculteurs espagnols. Parmi ces mesures, les principales sont :
- Le renforcement du contrôle des importations en provenance des pays hors-UE.
- Le renforcement de la loi sur la chaîne alimentaire.
- L’assouplissement de la PAC, avec notamment une simplification de la bureaucratie liée aux aides de la PAC.
- L’amélioration de l’assurance agricole.
- L’augmentation du plafond minimum des aides de l’État, de 20 000 à 25 000 euros.
- Le maintien de la défiscalisation de 35 % sur les carburants agricole et de 15 % sur les engrais.
- Un soutien face aux maladies animales comme la tuberculose.
Les premières réactions des syndicats ont été positives même si certains points doivent encore être discutés.
Les étudiants en Espagne réagissent à la grève des agriculteurs
D’habitude un secteur qui intéresse peu les jeunes, la grève des agriculteurs a fait prendre conscience aux étudiants en Espagne des problèmes que subit le monde agricole. Les étudiants, touchés par la colère des agriculteurs, ont cherché à s’impliquer pour leurs causes. Ils se sont notamment intéressés aux négociations de l’accord de libre-échange UE-Mercosur contestées par les agriculteurs espagnols. Ils en sont venus à la même conclusion que les agriculteurs ! Ce genre d’accord ouvre la porte à des produits agricoles qui ne répondent pas aux normes européennes et engendre donc une concurrence déloyale.
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- Insee, Marc Joubert, 2020, « Revenus des ménages agricoles : une affaire de famille », 05 novembre ↩︎
- Les Echos, Pierrick Fay, 2023, « L’agriculture espagnole menacée par une sécheresse historique », 19 mai ↩︎
- Agridées, Isabelle Delourme, 2024, « Crise agricole : les réponses du gouvernement », 13 février ↩︎
- Hortoinfo, 2024, « El Ministerio de Agricultura presenta un plan de 43 medidas para responder a las demandas del campo », 01 avril ↩︎