
L’Espagne a connu ces dernières années un véritable essor des établissements d’enseignement supérieur privés. Les experts s’interrogent sur la qualité des formations proposées et les garde-fous réglementaires encore trop fragiles. Un phénomène qui n’est pas propre à la péninsule ibérique, mais qui en 2025, prend une ampleur inédite et ravive des polémiques.
1. Une croissance spectaculaire… mais inégale
Ces dernières années, le nombre d’universités privées en Espagne a explosé. Jusqu’en 2000, il n’y en avait que 21. En 2025, cette tendance s’intensifie et on atteint 42 universités privées (Source QEDU). Elle est objectivement poussée par une demande étudiante croissante, une désaffection de certaines filières publiques et un discours politique valorisant la « diversité de l’offre académique ».
Mais cette croissance cache de profondes disparités. Certaines institutions affichent une ambition réelle, un corps enseignant qualifié et une insertion professionnelle correcte. D’autres, en revanche, surfent sur la demande sans garantir un niveau académique acceptable, avec des diplômes peu reconnus sur le marché du travail.
N’oublions pas de recontextualiser cela: ce phénomène n’est pas propre à l’Espagne. En France également, plusieurs établissements privés sont régulièrement pointés du doigt pour leur faible niveau et leur encadrement parfois douteux.
2. Un modèle de financement qui soulève des questions
Contrairement aux universités publiques, les établissements privés reposent majoritairement sur les frais de scolarité, qui peuvent atteindre 10 000 à 20 000 euros par an pour certains masters. Cela crée une fracture entre étudiants aisés et ceux qui, faute de moyens, doivent renoncer à certaines filières.
De plus, plusieurs universités privées espagnoles se sont récemment fait remarquer pour des pratiques commerciales agressives : campagnes de publicité promettant une carrière « assurée », démarchage direct dans les lycées, voire conditions d’admission particulièrement souples. Là encore, la France n’est pas épargnée : la multiplication d’écoles privées à but lucratif sans contrôle académique strict est un sujet récurrent dans l’actualité de l’enseignement supérieur.
3. Vers un encadrement plus strict ?
Face aux critiques, le ministère espagnol de l’Enseignement supérieur a proposé en 2024 une série de mesures pour encadrer davantage la création de nouvelles universités. Parmi celles-ci :
- L’obligation de proposer au moins trois formations doctorales pour pouvoir être reconnues comme universités à part entière ;
- Un renforcement des critères d’accréditation des diplômes (notamment sur la composition du corps professoral) ;
- Une transparence accrue sur les taux d’insertion professionnelle à trois et cinq ans.
Ces propositions, encore en discussion au parlement en 2025, visent à distinguer les établissements véritablement engagés dans une mission académique de ceux qui privilégient une logique purement commerciale.
4. Une polémique qui ravive (à contrecœur) le débat
L’actualité sur la croissance du nombre d’universités privées en 2025 a remis la question de la qualité universitaire au centre du débat public. Elle a aussi ravivé la polémique politico-politicienne autour du doctorat du chef du gouvernement Pedro Sánchez. Obtenu dans une université privée, son diplôme avait été accusé de refléter un manque d’exigence académique.
Mais au-delà du cas particulier, la controverse a mis en lumière les failles du système d’évaluation global des universités, publiques comme privées. La majorité des acteurs de la vie publique ont toutefois refusé d’en faire un prétexte pour opposer ces deux modèles. Le consensus politique reste clair : le débat ne doit pas porter sur l’origine (publique ou privée) des diplômes, mais sur la transparence des cursus, la qualité de l’encadrement pédagogique, et la pertinence des formations proposées.
5. Choix de votre université: vigilance et discernement doivent être de mise
Le boom des universités privées en Espagne en 2025 traduit une mutation profonde du paysage académique espagnol mais aussi européen. Si certaines institutions représentent une réelle alternative aux universités publiques, d’autres posent des questions légitimes de qualité, d’éthique et d’accessibilité.
Pour les étudiants comme pour leurs familles, la prudence est de mise : s’informer sur les accréditations, comparer les taux d’insertion,… autant de réflexes indispensables avant de s’engager. Une université privée peut être un bon choix, mais pas à n’importe quel prix.
Besoin de parler à un expert ?
Toute question concernant vos études mérite une réponse
Sources:
Redacción digital Noticias Cuatro. 2025. « Nueva bronca política: el Gobierno aprueba endurecer los criterios para crear universidades privadas » Cuatro.com, 1er avril
LaSexta.com. 2024. « Las universidades privadas aumentan un 61% sus másteres en ocho años mientras que en las públicas hay un 4% menos » LaSexta.com, 3 juillet
LaSexta.com. 2024. « Ayuso concede a las universidades un aumento mínimo de 47 millones de euros frente a los 200 que pedían » LaSexta.com, 3 décembre
Lluís, Vilà. 2025. « 27 años, 27 universidades: desde 1998, todas las nuevas han sido privadas » LaSexta.com, 1er avril
Quílez Iglesia, Silvia. 2025. « Así ha cambiado la universidad pública y privada: claves de la reforma que limitará la creación de nuevos centros » RTVE.es, 1er avril
Vicedo, Marta. 2025. « ¿Qué está pasando con las universidades públicas? » RTVE.es, 24 avril
De La Fuente, Pablo / Fedriani, Irene. 2025. « El Gobierno dice que el decreto de universidades « no va de pública o privada » y acusa al PP de « generar confrontación« » RTVE.es, 1er avril
Montilla, Lucía. 2025. « La universidad pública en España, al límite: menos fondos, menos estudiantes y más desigualdad autonómica » RTVE.es, 3 février
RTVE.es. 2025. « El Gobierno limitará la creación de universidades privadas para « acabar con los chiringuitos educativos » » RTVE.es, 31 mars